Environnement et
problématique urbaine au Maroc.
Le Maroc a connu une forte
croissance démographique et urbaine durant le siècle
dernier, le territoire national s’est profondément
transformé dans sa structure spatiale et son armature
urbaine. De nouvelles villes se sont rapidement
émergées ; des centres ruraux se sont transformés en
espace urbains traduisant une urbanisation galopante et
anarchique qui atteint actuellement 54% de la population
totale, alors qu’elle ne dépassait guère 10 % au début
du siècle.
Une analyse géographique de la
répartition des terres agricoles utiles au sein du
territoire national montre que ces superficies
s’étendent principalement dans les zones déjà peuplées ;
ceci montre à l’évidence que ces terres agricoles
sont consommées chaque année par l’urbanisation.
La planification et la
gestion urbaine au Maroc pratiquée au Maroc ont montré
leurs limites dans la maîtrise de l’espace urbain et la
résorption de la crise de logement. A la lenteur des
procédures d’élaboration et d’homologation des documents
d’urbanisme, s’ajoute la rigidité des règlements et
leur incompatibilité, dans certains cas, avec la réalité
du terrain. Ces éléments constituent des facteurs de
contournement de leurs prescriptions.
Ce diagnostic, largement
partagé par tous les acteurs, demande de repenser le
modèle de planification utilisé jusqu’a présent. Les
villes se présentent de plus en plus comme des espaces
d’investissement, moteurs de développement local.
L’introduction d’une planification souple et concertée,
basée sur une implication accrue des acteurs locaux
améliorerait l’organisation et la gestion de l’espace
dans un cadre de bonne gouvernance locale.
Le développement urbain
galopant et anarchique des villes a engendré une
dégradation de l’environnement par les différents
rejets dans le milieu naturel. En effet, peu de
villes sont dotées de stations d’épuration. Les rejets
se font directement dans les cours d’eau, la mer, le
sol et le sous-sol. Certains agriculteurs réutilisent
ces rejets bruts en irrigation.
Selon de récentes études, 5%
des villes sont dotées d’une station d’épuration.
Environ 10 000 tonnes de matières oxydables seraient
rejetées sur les côtes. Les rejets de matières seraient
répartis comme suit: 58% dans les cours d’eau ; 31 %
dans la mer ; 11 % dans le sol et le sous-sol.
Les décharges publiques
sont pour la plupart de type non contrôlées. Elles sont
accessibles aux enfants et aux personnes qui procèdent
au ramassage de matériaux de récupération, ainsi qu’aux
bétails. On constate la présence de plusieurs grandes
décharges, proches des grandes villes et des décharges
de tailles variables non loin de cheque agglomération
rurale ; ces décharges sont ne sont, ni organisées, ni
équipées. Ses décharges laissent s’infiltrer des eaux
polluées dans les nappes souterraines.
Situation du littoral :
Une très forte pression est
exercée sur le milieu côtier par l’urbanisation. Une
multiplication de projets immobiliers et touristiques se
développe. À l’accroissement de la demande immobilière
et touristique s’ajoute une organisation anarchique de
l’espace littoral qui aboutit à des formes d’occupation
linéaire et diffuse. L’urbanisation trop proche de la
ligne de rivage aggravent le phénomène d’érosion et le
recul du trait de côte.
D’après une enquête réalisée
par le Ministère de l’Equipement au Maroc et concernant
une longue série, sur un total de 47 plages étudiées, 7
auraient disparus et 16 autres connaissent une érosion
intense. De nombreuses plages souffrent d’un
appauvrissement en sable: la baie de Tanger, les basses
vallées du détroit, My Bousselham, Kriat Arkmane,
Mohammedia et plage de Tamaris à Casablanca.
Les zones côtières à
proximité des grands centres urbains connaissent une
urbanisation importante et la prolifération de sites
touristiques; ainsi, les besoins en sable de la seule
ville de Casablanca est estimée à 1,5 à 2 Millions de
m³/an. Sur le littoral de Kenitra, 77 carrières sont
installées sur les dunes côtières. Cette prolifération
de carrières est due à la facilité d’extraction des
sables de dunes, au coût peu élevé de ces matériaux en
comparaison avec le sable de concassage et à
l’absence d’outils
réglementaires. Cette extraction abusive a eu des
conséquences graves sur l’écosystème dunaire, et
l’ensablement des terres agricoles et l’autoroute
Kenitra - Tanger. L’extraction abusive de matériaux
sableux et la destruction des dunes côtières a fait
disparaître une réserve sédimentaire nécessaire à
l’équilibre des plages.
Il n’existe pas de législation
propre au littoral. Les zones côtières sont régies par
une simple circulaire du Premier Ministre datant de
1964, relative au développement touristique du littoral
(commission interministérielle chargée d’aménagements
touristiques du littoral, C.I.C.A.T.E.L).
Devant l’absence d’une loi sur
le littoral, plusieurs textes sectorielles s’appliquent
à cet espace et représentent un recours souvent
inefficace en matière de protection du littoral ; à
titre d’exemple on peut citer les lois relatives au
domaine public, aux lotissements, groupements
d’habitations et morcellement, à l’exploitation des
carrières, aux établissements classés, à la pêche
maritime, etc.
Sur le plan international, le
Maroc a adhéré à plusieurs conventions internationales
concernant le milieu marin et ses rivages. Par manque de
ressources financières et humaines ces conventions n’ont
pas été traduites en des projets de loi interne, ce
qui les rendent peu efficaces. A titre d’exemple, Les
zones humides ne bénéficient d’aucun statut juridique.
La grande majorité des zones humides fait partie du
domaine public de l’état (article 1er du DAHIR du
1/7/1914 modifié). Pour les zones côtières humides, le
Maroc n’a pas ratifié la convention de Ramsar de 1971
relative à la protection de ces zones. Cette convention
reste sans valeur juridique, mais peut faire référence
en la matière.
Le corpus juridique relatif à
la protection de l’environnement au Maroc est
caractérisé par son incohérence, son inadaptation et sa
dispersion d’où l’intérêt de l’élaboration d’une
législation. Il est urgent de doter le littoral
d’une loi spécifique.
Pour un aménagement durable
et équitable :
-
une démarche de mise en
cohérence territoriale des actions sectorielles
-
des actions pour lutter
contre les disparités territoriales et sociales.
-
un rééquilibrage de
l’armature urbaine avec développement des campagnes
-
une démarche volontariste
fondée sur une concertation accrue des acteurs locaux
autour des projets « villes propres, ex Agenda 21
local »
-
bonne gouvernance locale
-
protection de l’environnement
et valorisation des ressources naturelles :
-
protection de zones
côtières, zones humides, montagnardes, oasiens et
terres agricoles.
-
promouvoir la planification
et la gestion des établissements humains dans les zones
sujettes aux catastrophes naturelles.
-
protection de l’air et mise
en valeur des énergies propres
-
protection des ressources en
eau douce, de leur qualité et des écosystèmes aquatiques
-
gestion écologiquement
rationnelle des déchets solides et des eaux usées
-
promouvoir l’éco-tourisme, le
tourisme récréatif et tourisme culturelle
-
les territoires face à la
mondialisation : une meilleure compétitivité et un
développement durable des territoires s’impose (la
mondialisation est susceptible une répartition de la
valeur ajoutée sur les territoires qui présentent une
forte attractivité : acteurs économiques compétitifs,
bonne gouvernance locale et un environnement préservé).
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